lundi 15 mai 2023

"Paroles et Portraits de Surfeuses et Surfeurs Bretons" - Hélène / HINA SURF



Année de tes débuts en surf. 

En 1991, au Cap Fréhel d’où est originaire mon père, je voyais mes copains évoluer sur des planches de Bodyboard car il y avait très peu de surfeurs à l’époque, on les comptait sur les doigts d’une main.

Déjà très ancrée et attirée par l’élément mer, j’ai moi aussi ressenti mes premières sensations de glisse avec la fameuse planche en polystyrène mi-surf/ mi-Bodyboard ! Mais si tu te levais dessus, tu la cassais, je crois que c’est arrivé à un bon nombre d’entre nous, voir tous. Du coup, t’avais deux bodys en un qu’on se partageait avec mon frère !! Hiiiiii !  

J’ai eu ensuite une planche qui ressemblait plus à une vraie planche de body achetée dans un magasin d’accastillage aux Sables d’or ! Et je n’oublierai jamais ma première combi shorty PIEL dénichée au marché de Matignon.

Je rêvais tellement de monter sur une planche de surf que j’en ai demandé une en cadeau d’anniversaire pour mes 16 ans . Mais….elle n’était pas du tout adaptée à mon niveau ! A cette erreur de débutante s’est ajouté aussi le peu de choix en terme de matériels à cette époque. Je m’essayais au surf l’été de manière épisodique car je pratiquais le volley à haut-niveau et cela me demandait beaucoup d’engagement sportif. 

J’ai réellement décidé de m’investir dans la pratique du surf à l’âge de 23 ans lorsque j’ai arrêté le volleyball. Je ne pouvais plus m’entrainer car je travaillais en tant qu’éducatrice pour les enfants le soir et les week-ends. Je suis une autodidacte, j’ai appris par moi même, à force de persévérance. J’aimais les sensations de glisse, je cherchais à me surpasser sportivement car le surf requière de l’engagement. Ce que j’aime également c’est l’osmose avec l’élément, être en pleine nature. 

Je me suis ensuite lancée dans quelques compétitions et aujourd’hui j’ai ma propre école de surf basée à St Malo avec le développement du Surf thérapie issue de mon expérience d’éducatrice. C’est dingue quand j’y repense, un rêve s’est réalisé !

Ce que t'apporte le surf en général.

Le surf m’apporte un sentiment de liberté et de bien-être tout simplement. C’est mon équilibre de vie en lien avec la nature

Ton artiste, groupe ou album fétiche avant d'aller à l'eau.

Third World, l’album Reggae Ambassador qui a accompagné mes premiers trips en camion, et la chanson que j’adore c’est « 1865 (96° in the sade) ». Tout une époque !

Ton surfeur qui ta inspiré ou t'inspire encore...

Trop dur ! J’ai eu plusieurs inspirations qui ont marqué le début de ma pratique…  

Joël Tudor, le premier longboardeur que j’ai vu sur un magazine. J’ai trouvé cette glisse tellement gracieuse et magique que le longboard en est devenu mon support préféré aujourd’hui ! 

Un film m’a beaucoup inspiré :  Endless Summer 2 vu avec les copains du Cap Fréhel au cinéma d’Erquy en 1994. Cette histoire m’a profondément marquée ! Je rêvais de vivre leur vie ! 

Les Frères Fletcher que j’avais vu sur magnétoscope. On les prenait pour des furieux à l’époque parce qu’ils faisaient des aérials ! J’adorais ce côté déjanté et à la fois engagé, des précurseurs du surf d’aujourd’hui.

Gary Elkerton car il avait des planches et des combis fluo, j’adorais ces couleurs à l’époque et aujourd’hui toujours autant ! 

Laird Hamilton pour le surf de gros ! 

Et la grande Lisa Andersen, j’ai un profond respect pour cette femme, première compétitrice, avec tellement d’humilité ! Quelle histoire de vie ! Un exemple encore aujourd’hui pour moi.

« Trouble » est un très bon documentaire sur sa Story. 

Puis, étant une autodidacte, tous les surfeurs.es m’ont inspiré, potes, inconnus, j’observe toujours les autres quand je surfe quelque soit le niveau !




Longboard ou boards alternatives.

Les deux, multi-supports ! Mais si j’avais à choisir, ma préférence irait au longboard pour sa variété de glisse. C’est un surf à la fois élégant et engagé dans des grosses conditions. 

Tes models et shapeurs favoris.

Je n’en ai pas car j’aime me faire plaisir donc j’adapte mon support en fonction des conditions. Je peux prendre ma belle planche shapée avec amour, comme je peux surfer une chinoiserie en mousse, j’assume ! 

Tu as ouvert ton école de surf il y a quelques années, peux-tu nous en parler.

J’ai créé HINA SURF en 2017 dans le but d’utiliser le surf comme thérapie en travaillant avec des instituts sociaux, médico-sociaux et hospitaliers. L’idée était d’ouvrir une école à ceux qui n’ont pas l’opportunité de surfer quelque soit leurs différences : problèmes moteurs, psychologiques ou psychiatriques, dépendances, déficients intellectuels, etc..

Je voulais une école inclusive et sociale, et « faire du bien » à mes élèves.




Outre le fait de faire découvrir le surf à qui le souhaite, tu y as développé aussi depuis quelques temps des cours avec des personnes en situation de handicap, parles-nous de ce projet.

L’idée de cette école vient d’un parcours professionnel, je ne suis pas là par hasard. Le sport m’a toujours porté par ces valeurs et ces bienfaits.

En parallèle, je me suis engagée socialement auprès des autres. J’ai travaillé dix ans dans la protection de l’Enfance au sein de structures accueillant des enfants placés victimes de violences familiales. 

J’ai commencé à utiliser le surf comme support éducatif en 2007. J’ai observé au fur et à mesure les bienfaits de l’eau et du surf sur ces enfants renforçant leur propre estime et améliorant le respect d’un cadre.  Ceci m’a amené à développer des projets autour des activités de glisse comme le skate ou le roller.

Des rencontres de vie m’ont boostée pour réaliser un rêve professionnel alliant ma fibre sociale et ma passion du surf. Je ne remercierai jamais assez ceux qui m’ont soutenu pour créer cette école car seule je n’aurai pas réussi à réaliser ce projet !

Cela doit être très enrichissant personnellement, que ce soit pour toi ou pour eux.

Ce qui anime mon engagement ce sont les effets bénéfiques avérés du surf thérapie sur les élèves :   3 plans (Physique/ Social / Psychique), Je l’appelle « la PSP » , c’est mieux que la console!! . J’y consacre 40% de mon activité.

Quel enrichissement personnel que d’observer le bonheur, le bien-être et la confiance en soi retrouvée que le surf procure aux élèves à travers mon engagement. 

Le retour positif des professionnels (médecins, infirmières, éducateurs, aide soignants, animateurs, kinés, psychomotriciens) avec qui je travaille est également très motivant. Je réponds : « Le surf est magique ! »

Je suis amenée à échanger avec des personnes de différentes professions (journalistes, stagiaires, scientifiques, associations, etc) . Cet enrichissement, vous donne une ouverture d’esprit et vous amène à beaucoup de tolérance.  Je dis souvent que HINA SURF c’est « l’Ecole de la différence ».

Comment vois-tu l'évolution du surf dans les années à venir.

Toujours plus de surfeurs et surfeuses à l’eau, et malheureusement je constate de plus en plus d’incivilités. Je m’engage du coup dans mon école en faisant beaucoup de prévention pour que chacun puisse surfer avec plaisir, sans se mettre en danger ou mettre en danger les autres. Le respect des anciens, des règles, et la convivialité font partis de mes valeurs. Beaucoup de jeunes surfeurs et surfeuses l’oublient, l’Ego prend le dessus, un peu d’humilité permettrait d’apaiser certains spots ! A bon entendeur …

Un lieu favori pour boire un verre ou manger par chez toi.

Au temps où tout est divulgué sur les réseaux sociaux, je préserve mes endroits magiques. Explorons, découvrons, c’est tellement plus plaisant de trouver sa p’tite adresse par soi-même ! 

Et pour finir, en tant que Bretonne, galettes ou crêpes.

Galette jambon fromage, la simple ! Avec une p’tite salade verte 

Bière ou cidre.

Les deux mon capitaine : Bière Bretonne à l’apéro /Cidre Normand avec la galette, je fais une infidélité, je préfère le cidre Normand, c’est à cause de ma double nationalité Bretonne/Normande ! Oups c’est dit !

Un mot de la fin.

MERCI/ALOHA Stef pour ce beau projet.