samedi 24 juin 2023

"Paroles et Portraits de Surfeuses et Surfeurs Bretons" - Fanch / Photographe, Artiste et Waterman



Salut Fanch, alors à quand remonte tes débuts en surf.

Premières glissades en beug  à la fin du collège (à Longchamps!), premiers trips dans les Landes (découverte du bodysurf) puis premier surf sur un longboard (Spider!) acheté en occase dans un shop à Dinard dès que j'ai eu mon permis.

Depuis tes débuts, tu as évolué énormément au niveau de tes supports de glisse, shortboard, bodysurf, etc... Actuellement c'est un retour au source que tu as choisi, avec le "mat surfing", pratique très en vogue dans les années 60/70 avant qu'il ne laisse la place au "Morey Boofie", inventé par Tom Morey début 71. Peux-tu nous expliquer ce qui t'as fait évoluer vers ce support. 

Oui j'ai développé une addiction pour le surfmat depuis quelques temps. En fait j'avais commencé à en faire il y a une dizaine d'années de manière occasionnelle ( je l'avais commandé directement d'Australie) mais je l'ai usé jusqu'à qu'il lâche. L'année dernière j'ai rencontré Alex qui a commencé à en fabriquer pendant le confinement, je lui en ai commandé un cet hiver et depuis je ne le lâche plus quand les conditions s'y prêtent.

Le surfmat c'est du bodysurf, ni plus ni moins, sauf que c'est un coussin d'air qui te porte et te permet de voler sur les sections, sans friction. J'aborde le mat comme je bodysurfe, une fois le rail planté sur le trimline l'illusion de vitesse avec le visage au ras de l'eau est phénoménale et la sensation de planer est juste incroyable. Réjouissant et totalement addictif!

Le surfmat comme tous mes autres boards, paipos, bellyboards, handplanes ont surtout la faculté de transformer une vague moyenne en bombe! Depuis un an, mon approche et ma vision du surf a changé, je ne regarde plus les vagues de la même manière, je n'attends plus non plus que les conditions soient idéales, du coup je surfe plus, plus souvent. Physiquement c'est assez complet (et beaucoup moins traumatisant que le surf!) et même si je vieillis je suis plus affuté qu'avant. Honnêtement je ne me suis jamais autant amusé, je vis clairement mes meilleures années de surf! et c'est franchement exaltant. Pour le moment je n'ai pas l'intention de remonter debout sur une planche!



En plus de savoir surfer tous ces supports, tu es aussi un talentueux photographe. Comment est née cette passion.

Le jour où j'ai découvert que je vivais dans une région aussi sublime que les images de rêve qu'on nous vendait dans les magazines. Je reste toujours reconnaissant d'avoir eu la chance de grandir dans un tel environnement.

Argentique ou numérique.

Cruel dilemme! L'argentique pour le n&b et le numérique pour la couleur, mais mon vieux boîtier numérique m'a lâché du coup la question ne se pose plus.

Tu as fait un trip en Irlande où tu as shooté des vagues incroyables avec ton appareil. Raconte nous ce trip.

Un trip? Des trips! L'Irlande c'est une histoire d'amour qui dure depuis de nombreuses années, il m'a fallu observation et patience pour décider de s'aventurer sur ces spots légendaires. La sess en aqua au pied de falaises de Moher en 2019 reste mon meilleur souvenir. Et un jour j'aimerai tenter l'expérience  Mullaghmore au moins une fois dans ma vie, en aqua et en argentique, histoire de me faire peur!



Qu'est-ce-qui t'attires dans l'argentique.

Mon retour à l'argentique s'est fait par le biais de la pellicule et le désir de maitriser tout le processus: prise de vue, développement, tirage. Autodidacte au début, puis j'ai pris des cours de tirage en labo photo à Quimper. Maintenant je suis autonome. A partir de cette base là, c'est un monde infini de créativité qui s'est ouvert à moi, j'ai fabriqué des appareils (une chambre de rue et plusieurs sténopés), découvert des techniques et procédés alternatifs et permis de rencontrer des personnes passionnantes, ma compréhension de la lumière est meilleure aussi même si je suis loin d'avoir tout saisi!

J'avais perdu un peu goût à la photo ces derniers temps mais l'inspiration est revenue, ouf!

Tu as fait des expos et un bouquin, quels retours en as-tu eu.

Pour les expos, j'ai aimé échanger avec les visiteurs sur leurs ressentis. Comme toute forme d'art les perceptions d'une même oeuvre diffèrent selon chacun et seront différentes de celles de l'artiste, c'est parfois troublant et souvent amusant.

Le seul inconvénient des expos est que techniquement ça demande un travail de titan en amont, il faut avoir du temps.

Pour le zine ça a très bien marché! Plein de rencontres et de bons retours, le format plait aux gens et le prix de vente le rend abordable, et ça laisse plus de place à la créativité, je recommencerai.

Des projets photographiques à venir.

Justement j'ai le projet de refaire un petit zine sur ma série des maisons abandonnées en Irlande et marié ça avec des photos de surf et de paysages accumulés depuis plusieurs années, le tout en n&b évidemment, ça devrait claquer! Et l'idée d'un zine sur la bzh commence à faire son chemin.

En attendant je pars normalement tout l'été en road trip en Ecosse  avec de nouveaux appareils quelques peu originaux, je ne sais pas où cela va me mener, trop hâte!



Depuis quelques années tu vis maintenant du côté de La Torche. Alors comment se passe la vie là bas. Ambiance, etc.

Quinze ans cette année! La vie est douce ici je suis un peu isolé dans mon coin de verdure et ça me va bien. Depuis le covid le coin est devenu attractif toute l'année et ça se ressent au quotidien, même si l'ambiance est toujours conviviale, on est moins tranquille.

A l'eau ça se traduit par du monde quand il y a 50cm et pendant les vacances scolaires mais globalement il y a de la place pour ceux qui prennent le temps de chercher. Cet hiver j'ai découvert un spot de repli que j'ai surfé quasi seul, et quand il y a du monde je pars explorer. Je n'ai jamais autant surfé peinard que depuis le covid ha ha

Quels souvenirs gardes-tu du surf en Bretagne Nord Nostalgique ou pas.

Mes premières explorations en solex avec la board sur le dos, les sessions magiques au coeur des tempêtes avec seulement toi et Fifi, les amitiés de longue date créées sur les parkings, les premières virées aux Grèves avec le palpitant qui s'accélère à la sortie du bourg de Pléhérel. Fréhel, ses personnages, ses paysages et ses vagues incroyables.

Au final je ne suis pas nostalgique car lorsque je reviens je n'ai pas l'impression que ça ait changé! Je recroise les mêmes visages et mêmes sourires, et curieusement je me débrouille à chaque fois pour scorer de pures vagues avec peu de monde comme le 25 décembre dernier aux Grèves:, 1m, glassy, des barrels vert émeraudes sous une pluie fine, le tout en petit comité, magique.

Je te laisse le mot de la fin.

"A bad day at sea still beat a good day at work".. Proverbe irlandais

Merci à toi Stef pour ta générosité







jeudi 15 juin 2023

"Paroles et Portraits de Surfeuses et Surfeurs Bretons" - Ankou Surfboards

 



Année de tes débuts en surf.

J'ai commencé assez tard le surf à l'âge de 17 ans pendant la période de révision du bac.


Ce que t'apporte le surf en général.

Je suis passionné de surf mais avant tout de l'océan, ils m'apportent un équilibre psychologique, spirituel et une sensation d'harmonie qui se ressent pendant la session et se poursuit après.


Ton artiste, groupe ou album fétiche avant d'aller à l'eau.

J'ai plusieurs artistes ou groupes que j'affectionne mais si je devais en donner un, cela serait Nirvana.

Depuis quelques années maintenant, tu shapes du côté de Guidel, comment est né cette aventure.

J'ai démarré le shape en amateur, au départ pendant mon temps libre lorsque j'étais en Master. J'avais un pote de promo qui était également passionné de surf et c'est naturellement qu'on a commencé à regarder comment fabriquer une board jusqu'au jour où j'ai sauté le pas et je ne me suis pas arrêté depuis.




Comment définirais-tu ton style, old school ou New school.

J'ai plutôt un style old school dans l'ADN que ce soit dans le shape ou dans l'eau. Je cherche la pureté, l'harmonie et l'essence du surf qui est de s'amuser dans l'océan qui en théorie n'est pas le milieu naturel de l'être humain mais qui paradoxalement est celui où je me se sens le mieux. Dans le shape malgré mes boards orientées rétros, il y a malgré tout un savoir-faire plus moderne pour rechercher plus de polyvalence et pousser plus loin les concepts des décennies précédentes sans perdre les caractéristiques essentielles de tel ou tel shape.


Tes Shapeurs qui t'ont ou t'inspirent dans ton travail.

Les shapers qui m'inspirent sont Mac Tavish pour les planches intemporelles, Ryan Lovelace pour sa recherche de nouveaux concepts, Simon Jones de MOTE pour le style que j'adore et les frères Campbell pour avoir trouvé un shape (Bonzer) qu'ils n'ont jamais quitté et qu'ils ont fait évoluer.


Tu as une préférence de modèles à shaper, Longboards, Shortboards ou Boards alternatives.

Les boards que je préfère shaper sont les midlenght car c'est les planches que je préfère surfer tout simplement.


As-tu une étape que tu affectionnes plus qu'une autre dans le processus du shape ou glass.

L'étape que j'affectionne particulièrement est le travail de la résine teintée pour faire des déco uniques.




Est-ce facile de faire sa place en Bretagne en tant que Shapeur.

Le travail de shaper n'est pas facile dans le sens où il ne manque pas de surfeurs, donc de potentiels clients mais clairement il manque de surfeurs prêts à acheter et faire confiance à un artisan local pour faire leurs boards plutôt que d'acheter des boards de séries surfées par les meilleurs surfeurs dans des vidéos insta et en espérant être tout aussi bon.
C'est à nous de faire comprendre qu'un shaper qui surfe les vagues locales sait quelles caractéristiques donner à une planche pour surfer ces mêmes vagues.


Comment vois-tu l'évolution du métier de Shapeur dans les années à venir, matériaux moins polluants, retour de certains shapes.

L'avenir du shape est assez flou pour moi. D'un point de vue professionnel, le prix des matériaux explose et je ne peux pas me permettre de le répercuter sur le tarif client au risque de les faire fuir.
Il y a aussi le contexte économique actuel où la majorité des Français se voient amputés d'un certain pouvoir d'achat et le shape est une activité de loisir, qui souvent est le premier levier pour faire des économies
C'est assez frustrant car les retours sur les planches que je fabrique sont très bons, avec beaucoup de clients qui sont revenus pour une deuxième voire une troisième planche en 2 ans et demi d'activité.


L'après COVID a fait émerger un nouveau style de surfeurs, la fréquentation à l'eau a explosé. Crois-tu que cela va perdurer et comment vois-tu l'évolution du surf dans les années à venir.

Le COVID a joué un rôle dans l'attrait pour le surf dans le sens où les gens ont voulu ressortir à tout prix et naturellement le surf est une activité extérieure donc une partie est allée dans l'eau.

Surtout qu'avec un budget minimal on peut trouver une planche en mousse pour s'initier sans forcément avoir les codes de cette pratique (règle de priorité notamment).

Mais le COVID n'explique pas tout, je pense qu'il y a tout un lifestyle derrière, avec un style vestimentaire, une attitude, et une manière de penser qui est propre à l'image que l'on se fait d'un surfeur qui est attirant mais qui n'est pas forcément vrai pour autant.

C'est aussi les marques qui poussent les gens à se mettre au surf en proposant un environnement gravitant autour de la pratique en elle-même.


Un lieu à nous conseiller par chez toi pour passer un bon moment après une session.

Et pour finir le spot que je conseille c'est en face de la vague que vous venez de surfer avec une petite bière et refaire la session au sec et penser à la prochaine fois que vous retournerez dans l'eau avec votre board sur mesure Ankou Surfboards 😉.








jeudi 8 juin 2023

"Paroles et Portraits de Surfeuses et Surfeurs Bretons" - Marion "Blue Lines"

Aujourd'hui je vous propose un petit tour du côté de Guidel, plus exactement à Ploemeur, où je suis allé à la rencontre de Marion. 

Marion est une couturière qui s'est spécialisée dans la réparation de combinaison et la création de pièces en néoprène, que ce soit pour la plage, pour les courses maritimes, ou pour protéger vos planches de surf par de belles housses créées sur mesure. 

Elle propose même des superbes Top néoprène pour les sessions d'été à venir.

Rencontre...




Année de tes débuts en surf.

J’ai démarré en arrivant à Ploemeur il y a 4 ans… Grâce à mon entourage et mon boulot.


Ce que t'apporte le surf en général.

Décompression, plaisir d’être dans l’eau (j’ai toujours été un poisson), et défi (pied de nez à ma maladie articulaire envahissante).


Ton artiste, groupe ou album fétiche avant d'aller à l'eau.

Mungo ´s hifi et le dub UK en général… Ou du hip-hop us old school.




Ton surfeur qui t'a inspiré ou t'inspire encore.

Gwen Christien mais faut pas lui dire 😜


Quel regard portes-tu sur le surf en général et l'ambiance à l'eau.

Plutôt bienveillant, après je fais toujours attention à ce que je fais, le respect ça va dans les deux sens.


Tu es plutôt Longboard ou boards alternatives et peux-tu nous parler de ton longboard shapé par "Fab's Lab", qui en plus est ton voisin.

Je suis plutôt longboard, je trouve ça tellement beau comme une danse !

Mon longboard, je me suis d'abord dit que j'avais pas le niveau pour me faire shaper une board, et Fab m'a dit, tu sais y'a pas besoin d'être un grand surfeur pour ça, au contraire, un truc adapté à toi et à ton envie de progresser c'est top. Et il m'a fait tester son longboard perso... et je suis tombée amoureuse.

Et puis à voir les merveilles qui sortent de chez lui et à l'écouter parler de tous les aspects du shape, il est très doué pour expliquer tous les aspects de son boulot, ben forcément j’ai fini par craquer… On a le même genre de manière de voir l’artisanat. Ça avait matché tout de suite. Passionné et perfectionniste jamais content comme moi… Et il a un passé de désigner produit, donc il cogite à fond ses trucs.




Peux-tu nous dire quelques mots sur Fanny "Vague Graphique" qui a fait l'artwork de ton longboard.

je voulais présenter les deux, car ils regardaient le travail de l'un et de l’autre sans se connaître… Fanny voulait dessiner sur une board custom depuis longtemps, mais avait essuyé plusieurs refus de shapers. Alors que fab qui aimait déjà son boulot a été enchanté qu’elle vienne dessiner par dessus sa déco.

Donc je prends mon nouveau jouet comme une board pour prendre plein de vagues et progresser comme j’avais demandé à fab, et comme une œuvre collaborative faite par deux personnes dont j’adore le travail.

J’aime bien présenter les gens autour de moi où je sens qu’il pourrait y avoir une connexion, et je suis ravie d’avoir pu te montrer le boulot de mon chouette voisin.


Parles-nous un peu de ton entreprise de recyclage de néoprène.

La réparation représente une petite partie de mon travail mais un gros plus pour rendre la pratique plus écolo…

Les marques nous abreuvent de green washing, mais quelque soit le matériau utilisé, le principal problème vient du fait de l’absence de solution pour les dégrader en fin de vie… 

La combinaison écolo c’est celle qui est bien conçue pour être durable et celle qu’on fait réparer.

Pour ma part, je réutilise toutes mes chutes de confection (matière neuve), même les petites…

Et les pratiquants d’activités nautiques m’ont identifiés comme une alternative à la déchèterie pour tout type de matériel ( ailes de kite, voiles…).

J’ai également fait de la récup auprès d’entreprises qui jettent et souhaitent valoriser leurs déchets ( via la plateforme "Ty Waste" qui bosse avec le département).


Comment vois-tu l'évolution du surf, des matériaux utilisés pour les combinaisons et autres articles de néoprène dans les années à venir.

Les fabricants de combinaisons, au lieu de faire semblant de rendre la fabrication écolo, devraient déjà fabriquer moins loin, et se préoccuper de la manière de dégrader la combinaison en fin de vie, c’est la seule manière d’avancer vers une pratique plus vertueuse. 

Merci.