lundi 29 mai 2023

"Paroles et Portraits de Surfeuses et Surfeurs Bretons" - Gwen





Année de tes débuts.

Année de début en surf 1983.

Ce que t'apporte le surf en général.

Ce que m'apporte le surf… vaste question. Pour faire court et simple, je dirais que c'est une activité et un mode de vie, ou l'on se perd… et ou on se trouve…

Ton artiste, groupe ou album fétiche avant d'aller à l'eau.

Artiste et groupe fétiche. Ian Curtis de Joy Division, sans hésitation, avec l'album "Unknown pleasures"



Ton surfeur qui t'a inspiré et t'inspire encore aujourd'hui.

Source d inspiration depuis le début en longboard, Joël Tudor. Première venue en France en 1992 pour le contest « mémorial Arnaud de Rosnay » . Treize ans à l'époque et le style absolu. 

Longboard ou boards alternatives.

Longboard ou planche alternative. Les deux car ces deux types de support restent dans la même famille d'une approche fluide. Chaque planche impose ses lignes, ses trajectoires.

Tes models et ton shapeur favori.

Tous les models qui ont marqué l'histoire et la culture surf, avec une prédilection pour les malibu chip, models emblématiques de la fin des années 40 et début 50 créés par Joe Quigg et Matt Kilvin. 

Outre les planches récupérées au fil du temps, je surfe sur les models développés chez ATAO qui reprennent justement les codes et l'héritage du passé.




Parles-nous un peu des surf movies qui ont rempli ta culture surf et aussi du projet "Noseride", des films que tu avais fait à une époque, c'était toute une série de petits édits en 16 mm, il me semble.

Le projet de film était super sauf que la motivation des autres s'est très vite émoussée au fil du temps. On avait fait le site "Noseride" également avec de petits films. Celui-ci a été piraté. Il reste la page Facebook "Noseride" sur laquelle je partage de temps en temps quelques photos. Au maximum cette page a eu 14500 fans dont très peu en Bretagne. Comme quoi la culture surf est très peu présente par chez nous. 

Concernant les films, le tout premier c est "Free Ride", un film des années 70. Ensuite les VHS de shortboard des années 80 et notamment celles d'Herbie Fletcher, la série "Wave Warriors". Dans le volume 4, en fin de film, une séquence était dédiée au longboard avec Herbie Fletcher et notamment Israël et Jonathan Paskovitz… Première fois que je voyais des images de longboard.

Ensuite est venue la quête d un longboard, il n'y en avait pas par chez moi en shop. J'ai acheté le premier que j'ai vu et pu avoir. S'ensuivent toujours les films d Herbie Fletcher mais dédiés au longboard. Pendant ce temps, j étais seul à en faire dans mon coin, ne sachant pas quel était le niveau global mais déjà intéressé par l'aspect héritage et non performance.

Par concours de circonstances, j'ai commencé la compétition, par curiosité. S'ensuivent en peu de temps les championnats de Bretagne puis de France. L'année d'après, les coupes d'Europe qui se passent également bien et enfin les championnats du monde. Pendant ce temps peu de vidéos sympas, il n'y avait que du longboard performance..

Heureusement, Thomas Campbell est arrivé fin des années 90 avec la trilogie que tu connais, "The Seedling, Sprout et The Présent" qui ont ouvert au grand public les voies du surf alternatif, du old school et donc de la Surf culture. Ces films restent ma référence. Tu dois connaître également "One California Day » et deux films de Tin Ojeda, à savoir "Expensive Porno Movie"  et  "Free Jazz Vein" . Ces deux films sont super créatifs , un mix de Jack Coleman et de David Lynch . L inévitable "Endless Summer" reste un classic mais trop cliché je trouve.

Voilà, donc quelques films bien marquants mais pas tellement finalement… 
D'ailleurs depuis longtemps il n'y a plus grand chose. Note que j'ai bien repéré le visuel de ta page Instagram à savoir CJ Nelson en couverture du film de Steve Cleveland "Another State Of Mind"

Quel regard portes-tu sur le surf et l'ambiance à l'eau en général depuis tes débuts.

Ambiance dans l'eau... on a connu la belle époque

Tu es plutôt Bretagne Nord ou Sud.

Plutôt Bretagne sud, mais justement je compte sur toi pour découvrir un peu la Bretagne nord !





Comment vois-tu l'évolution du surf dans les années à venir.

Pour finir, quelque soit le support et quelque soit les périodes, passées, présentes et futures,  les modes passent,  le style reste…

Et pour finir, un lieu à nous conseiller pour passer un bon moment après une session.

Un lieu après la session, la plage !














samedi 20 mai 2023

"Paroles et Portraits de Surfeuses et Surfeurs Bretons" - Mathis / O'Rider Team



Année de tes débuts en surf.

Premier contact avec le surf en vacances dans mes années collège en 2008-2009. Mais tout a vraiment commencé au lycée en 2014 quand j’ai pu acheter ma première board et surfer à domicile

Ce que t'apporte le surf en général.

Du bonheur, de la joie, des objectifs… Ça peut être un moment de partage comme un moment seul pour me vider la tête et faire le plein d’énergie. Ça représente une énorme partie de ma vie très clairement.

Ton artiste, groupe ou album fétiche avant d'aller à l'eau.

Ça va être par période en fonction des découvertes du moment. J’ai une playlist « SURF PARTS » dans laquelle je mets tous les morceaux que j’imagine dans une vidéo de surf. C’est tout le temps cette playlist qui passe en aléatoire sur le trajet avant d’aller à l’eau.

Pour citer une référence, mon morceau du moment est « When you love rings de Leif Erikson ».

Tu as un superbe style a l'eau quel est ton surfeur qui t'a ou t'inspire.

Difficile de n’en citer qu’un. S'il faut choisir je dirais Corey Colapinto! Mais il y en a tellement qui m’inspire: Harrison Roach, Tommy Witt, Dan Pascacio… Mais aussi des longboardeuses: Lola Mignot, Ambre Victoire, Maddy Miller…



Longboard ou boards alternatives.

Les deux. Le longboard est mon support de coeur. Qu’il y ait 20cm ou 1m50 je sais que la session va être excellente. Mais je suis fan des boards rétros en général et particulièrement des "single fin". Quand c’est creux, rapide avec un peu de taille je pars en single autour de 7’.

Justement peux-tu nous parler de ce fameux single de chez Maku  Surfboards.

Carrément! Maku est l’unique shaper avec qui je me suis lancé dans des projets custom. Après avoir épluché son catalogue, surfé pendant quelques mois un fish rétro, nous avons commencé à échanger autour du shape et des boards rétros. Le courant est tout de suite passé!

Ce single fin 6’10 channels est le dernier custom en date. Pour la petite histoire, il avait posté en story une board que je n’avais jamais vu au catalogue, c’était une board perso qu’il s’était shapée il y a quelques années. J’étais complètement fan. Ça a donc été notre point de départ pour arriver à ce résultat qui correspond à 200% à ce que je cherchais: une board qui prend le relais quand le longboard trouve ses limites.

Si vous passez du côté de Plouharnel, arrêtez-vous dans son shop, vous ne serez pas déçu de l’accueil.

Un ou des surf movies  favoris.

« Deus 9ft and single presented by SWELL » 10 minutes d’images sur lesquelles les gars s’engagent en longboard dans des conditions musclées avec tellement de style. Une musique pop/folk/country et bob McTavish qui décrit le spectacle auquel il a assisté durant cet événement. Il y a un truc indescriptible dans cette vidéo, une ambiance assez dingue.

 Ton shapeur favori.

Je suis complètement fan de Thomas Bexon et ses longboards! Mais ce que je trouve le plus intéressant dernièrement, ce sont des surfeurs avec un style bien à eux qui se mettent à shaper des boards alternatives qui correspondent à leur manière de surfer. Je pense notamment à Corey Colapinto et ses midlenghts en twin très fins et avec très peu de rocker. Ou encore Zack Flores, qui shape des planches très fines aussi!

Quel regard portes-tu sur le surf et l'ambiance à l'eau en général depuis tes débuts.

Je pense qu’il ne faut pas faire de généralité. Depuis que j’ai commencé le surf, j’ai eu des moments excellents à l’eau entre copains ou avec des inconnus. Mais j’ai aussi vécu ou vu des choses bien moins sympas. Certains comportements sont inacceptables selon moi mais je pense qu’il faut essayer de comprendre les raisons qui poussent certains surfeurs à agir de la sorte. Bien que ces raisons ne justifient pas tout, loin de là.

Le longboard me permet d’avoir plus de flexibilité dans le choix du spot, donc je me retrouve maintenant très souvent à l’eau avec des personnes cool qui sont là pour partager un bon moment!



Tu es plutôt Bretagne Nord ou Sud.

Bretagne Nord bien sûr (rire). C’est ici que je passe le plus de temps à l’eau, mais de bons week-end Côte Sud quand la côte Nord ne nous offre pas les conditions qu’on aimerait, ça fait toujours plaisir. On a énormément de chance en Bretagne d’avoir toutes ces possibilités à environ 2h de route, autant en profiter!

Comment vois-tu l'évolution du surf dans les années à venir.

J’ai du mal à imaginer comment ça va se passer. Le nombre de pratiquants ne cesse d’augmenter ces dernières années. Est-ce-que ça va continuer? Est-ce-que ça va stagner? Ou au contraire est-ce-que ça va diminuer?

On voit aussi de nouvelles manières de surfer se développer avec de nouveaux équipements qui offrent de nouvelles possibilités en terme de spots… Je pense que chacun peut y trouver son compte et qu’il faut profiter de chaque session sans se poser trop de questions sur l’avenir.

Et pour finir, un lieu à nous conseiller pour passer un bon moment après une session.

Petite cave/bar à bières sur la route en rentrant des spots par chez nous "O’Quai des brasseurs". Des références de bières à la pression renouvelées régulièrement, c’est toujours sympa.

Merci





lundi 15 mai 2023

"Paroles et Portraits de Surfeuses et Surfeurs Bretons" - Hélène / HINA SURF



Année de tes débuts en surf. 

En 1991, au Cap Fréhel d’où est originaire mon père, je voyais mes copains évoluer sur des planches de Bodyboard car il y avait très peu de surfeurs à l’époque, on les comptait sur les doigts d’une main.

Déjà très ancrée et attirée par l’élément mer, j’ai moi aussi ressenti mes premières sensations de glisse avec la fameuse planche en polystyrène mi-surf/ mi-Bodyboard ! Mais si tu te levais dessus, tu la cassais, je crois que c’est arrivé à un bon nombre d’entre nous, voir tous. Du coup, t’avais deux bodys en un qu’on se partageait avec mon frère !! Hiiiiii !  

J’ai eu ensuite une planche qui ressemblait plus à une vraie planche de body achetée dans un magasin d’accastillage aux Sables d’or ! Et je n’oublierai jamais ma première combi shorty PIEL dénichée au marché de Matignon.

Je rêvais tellement de monter sur une planche de surf que j’en ai demandé une en cadeau d’anniversaire pour mes 16 ans . Mais….elle n’était pas du tout adaptée à mon niveau ! A cette erreur de débutante s’est ajouté aussi le peu de choix en terme de matériels à cette époque. Je m’essayais au surf l’été de manière épisodique car je pratiquais le volley à haut-niveau et cela me demandait beaucoup d’engagement sportif. 

J’ai réellement décidé de m’investir dans la pratique du surf à l’âge de 23 ans lorsque j’ai arrêté le volleyball. Je ne pouvais plus m’entrainer car je travaillais en tant qu’éducatrice pour les enfants le soir et les week-ends. Je suis une autodidacte, j’ai appris par moi même, à force de persévérance. J’aimais les sensations de glisse, je cherchais à me surpasser sportivement car le surf requière de l’engagement. Ce que j’aime également c’est l’osmose avec l’élément, être en pleine nature. 

Je me suis ensuite lancée dans quelques compétitions et aujourd’hui j’ai ma propre école de surf basée à St Malo avec le développement du Surf thérapie issue de mon expérience d’éducatrice. C’est dingue quand j’y repense, un rêve s’est réalisé !

Ce que t'apporte le surf en général.

Le surf m’apporte un sentiment de liberté et de bien-être tout simplement. C’est mon équilibre de vie en lien avec la nature

Ton artiste, groupe ou album fétiche avant d'aller à l'eau.

Third World, l’album Reggae Ambassador qui a accompagné mes premiers trips en camion, et la chanson que j’adore c’est « 1865 (96° in the sade) ». Tout une époque !

Ton surfeur qui ta inspiré ou t'inspire encore...

Trop dur ! J’ai eu plusieurs inspirations qui ont marqué le début de ma pratique…  

Joël Tudor, le premier longboardeur que j’ai vu sur un magazine. J’ai trouvé cette glisse tellement gracieuse et magique que le longboard en est devenu mon support préféré aujourd’hui ! 

Un film m’a beaucoup inspiré :  Endless Summer 2 vu avec les copains du Cap Fréhel au cinéma d’Erquy en 1994. Cette histoire m’a profondément marquée ! Je rêvais de vivre leur vie ! 

Les Frères Fletcher que j’avais vu sur magnétoscope. On les prenait pour des furieux à l’époque parce qu’ils faisaient des aérials ! J’adorais ce côté déjanté et à la fois engagé, des précurseurs du surf d’aujourd’hui.

Gary Elkerton car il avait des planches et des combis fluo, j’adorais ces couleurs à l’époque et aujourd’hui toujours autant ! 

Laird Hamilton pour le surf de gros ! 

Et la grande Lisa Andersen, j’ai un profond respect pour cette femme, première compétitrice, avec tellement d’humilité ! Quelle histoire de vie ! Un exemple encore aujourd’hui pour moi.

« Trouble » est un très bon documentaire sur sa Story. 

Puis, étant une autodidacte, tous les surfeurs.es m’ont inspiré, potes, inconnus, j’observe toujours les autres quand je surfe quelque soit le niveau !




Longboard ou boards alternatives.

Les deux, multi-supports ! Mais si j’avais à choisir, ma préférence irait au longboard pour sa variété de glisse. C’est un surf à la fois élégant et engagé dans des grosses conditions. 

Tes models et shapeurs favoris.

Je n’en ai pas car j’aime me faire plaisir donc j’adapte mon support en fonction des conditions. Je peux prendre ma belle planche shapée avec amour, comme je peux surfer une chinoiserie en mousse, j’assume ! 

Tu as ouvert ton école de surf il y a quelques années, peux-tu nous en parler.

J’ai créé HINA SURF en 2017 dans le but d’utiliser le surf comme thérapie en travaillant avec des instituts sociaux, médico-sociaux et hospitaliers. L’idée était d’ouvrir une école à ceux qui n’ont pas l’opportunité de surfer quelque soit leurs différences : problèmes moteurs, psychologiques ou psychiatriques, dépendances, déficients intellectuels, etc..

Je voulais une école inclusive et sociale, et « faire du bien » à mes élèves.




Outre le fait de faire découvrir le surf à qui le souhaite, tu y as développé aussi depuis quelques temps des cours avec des personnes en situation de handicap, parles-nous de ce projet.

L’idée de cette école vient d’un parcours professionnel, je ne suis pas là par hasard. Le sport m’a toujours porté par ces valeurs et ces bienfaits.

En parallèle, je me suis engagée socialement auprès des autres. J’ai travaillé dix ans dans la protection de l’Enfance au sein de structures accueillant des enfants placés victimes de violences familiales. 

J’ai commencé à utiliser le surf comme support éducatif en 2007. J’ai observé au fur et à mesure les bienfaits de l’eau et du surf sur ces enfants renforçant leur propre estime et améliorant le respect d’un cadre.  Ceci m’a amené à développer des projets autour des activités de glisse comme le skate ou le roller.

Des rencontres de vie m’ont boostée pour réaliser un rêve professionnel alliant ma fibre sociale et ma passion du surf. Je ne remercierai jamais assez ceux qui m’ont soutenu pour créer cette école car seule je n’aurai pas réussi à réaliser ce projet !

Cela doit être très enrichissant personnellement, que ce soit pour toi ou pour eux.

Ce qui anime mon engagement ce sont les effets bénéfiques avérés du surf thérapie sur les élèves :   3 plans (Physique/ Social / Psychique), Je l’appelle « la PSP » , c’est mieux que la console!! . J’y consacre 40% de mon activité.

Quel enrichissement personnel que d’observer le bonheur, le bien-être et la confiance en soi retrouvée que le surf procure aux élèves à travers mon engagement. 

Le retour positif des professionnels (médecins, infirmières, éducateurs, aide soignants, animateurs, kinés, psychomotriciens) avec qui je travaille est également très motivant. Je réponds : « Le surf est magique ! »

Je suis amenée à échanger avec des personnes de différentes professions (journalistes, stagiaires, scientifiques, associations, etc) . Cet enrichissement, vous donne une ouverture d’esprit et vous amène à beaucoup de tolérance.  Je dis souvent que HINA SURF c’est « l’Ecole de la différence ».

Comment vois-tu l'évolution du surf dans les années à venir.

Toujours plus de surfeurs et surfeuses à l’eau, et malheureusement je constate de plus en plus d’incivilités. Je m’engage du coup dans mon école en faisant beaucoup de prévention pour que chacun puisse surfer avec plaisir, sans se mettre en danger ou mettre en danger les autres. Le respect des anciens, des règles, et la convivialité font partis de mes valeurs. Beaucoup de jeunes surfeurs et surfeuses l’oublient, l’Ego prend le dessus, un peu d’humilité permettrait d’apaiser certains spots ! A bon entendeur …

Un lieu favori pour boire un verre ou manger par chez toi.

Au temps où tout est divulgué sur les réseaux sociaux, je préserve mes endroits magiques. Explorons, découvrons, c’est tellement plus plaisant de trouver sa p’tite adresse par soi-même ! 

Et pour finir, en tant que Bretonne, galettes ou crêpes.

Galette jambon fromage, la simple ! Avec une p’tite salade verte 

Bière ou cidre.

Les deux mon capitaine : Bière Bretonne à l’apéro /Cidre Normand avec la galette, je fais une infidélité, je préfère le cidre Normand, c’est à cause de ma double nationalité Bretonne/Normande ! Oups c’est dit !

Un mot de la fin.

MERCI/ALOHA Stef pour ce beau projet.