Salut Fanch, alors à quand remonte tes débuts en surf.
Premières glissades en beug à la fin du collège (à Longchamps!), premiers trips dans les Landes (découverte du bodysurf) puis premier surf sur un longboard (Spider!) acheté en occase dans un shop à Dinard dès que j'ai eu mon permis.
Depuis tes débuts, tu as évolué énormément au niveau de tes supports de glisse, shortboard, bodysurf, etc... Actuellement c'est un retour au source que tu as choisi, avec le "mat surfing", pratique très en vogue dans les années 60/70 avant qu'il ne laisse la place au "Morey Boofie", inventé par Tom Morey début 71. Peux-tu nous expliquer ce qui t'as fait évoluer vers ce support.
Oui j'ai développé une addiction pour le surfmat depuis quelques temps. En fait j'avais commencé à en faire il y a une dizaine d'années de manière occasionnelle ( je l'avais commandé directement d'Australie) mais je l'ai usé jusqu'à qu'il lâche. L'année dernière j'ai rencontré Alex qui a commencé à en fabriquer pendant le confinement, je lui en ai commandé un cet hiver et depuis je ne le lâche plus quand les conditions s'y prêtent.
Le surfmat c'est du bodysurf, ni plus ni moins, sauf que c'est un coussin d'air qui te porte et te permet de voler sur les sections, sans friction. J'aborde le mat comme je bodysurfe, une fois le rail planté sur le trimline l'illusion de vitesse avec le visage au ras de l'eau est phénoménale et la sensation de planer est juste incroyable. Réjouissant et totalement addictif!
Le surfmat comme tous mes autres boards, paipos, bellyboards, handplanes ont surtout la faculté de transformer une vague moyenne en bombe! Depuis un an, mon approche et ma vision du surf a changé, je ne regarde plus les vagues de la même manière, je n'attends plus non plus que les conditions soient idéales, du coup je surfe plus, plus souvent. Physiquement c'est assez complet (et beaucoup moins traumatisant que le surf!) et même si je vieillis je suis plus affuté qu'avant. Honnêtement je ne me suis jamais autant amusé, je vis clairement mes meilleures années de surf! et c'est franchement exaltant. Pour le moment je n'ai pas l'intention de remonter debout sur une planche!
En plus de savoir surfer tous ces supports, tu es aussi un talentueux photographe. Comment est née cette passion.
Le jour où j'ai découvert que je vivais dans une région aussi sublime que les images de rêve qu'on nous vendait dans les magazines. Je reste toujours reconnaissant d'avoir eu la chance de grandir dans un tel environnement.
Argentique ou numérique.
Cruel dilemme! L'argentique pour le n&b et le numérique pour la couleur, mais mon vieux boîtier numérique m'a lâché du coup la question ne se pose plus.
Tu as fait un trip en Irlande où tu as shooté des vagues incroyables avec ton appareil. Raconte nous ce trip.
Un trip? Des trips! L'Irlande c'est une histoire d'amour qui dure depuis de nombreuses années, il m'a fallu observation et patience pour décider de s'aventurer sur ces spots légendaires. La sess en aqua au pied de falaises de Moher en 2019 reste mon meilleur souvenir. Et un jour j'aimerai tenter l'expérience Mullaghmore au moins une fois dans ma vie, en aqua et en argentique, histoire de me faire peur!
Qu'est-ce-qui t'attires dans l'argentique.
Mon retour à l'argentique s'est fait par le biais de la pellicule et le désir de maitriser tout le processus: prise de vue, développement, tirage. Autodidacte au début, puis j'ai pris des cours de tirage en labo photo à Quimper. Maintenant je suis autonome. A partir de cette base là, c'est un monde infini de créativité qui s'est ouvert à moi, j'ai fabriqué des appareils (une chambre de rue et plusieurs sténopés), découvert des techniques et procédés alternatifs et permis de rencontrer des personnes passionnantes, ma compréhension de la lumière est meilleure aussi même si je suis loin d'avoir tout saisi!
J'avais perdu un peu goût à la photo ces derniers temps mais l'inspiration est revenue, ouf!
Tu as fait des expos et un bouquin, quels retours en as-tu eu.
Pour les expos, j'ai aimé échanger avec les visiteurs sur leurs ressentis. Comme toute forme d'art les perceptions d'une même oeuvre diffèrent selon chacun et seront différentes de celles de l'artiste, c'est parfois troublant et souvent amusant.
Le seul inconvénient des expos est que techniquement ça demande un travail de titan en amont, il faut avoir du temps.
Pour le zine ça a très bien marché! Plein de rencontres et de bons retours, le format plait aux gens et le prix de vente le rend abordable, et ça laisse plus de place à la créativité, je recommencerai.
Des projets photographiques à venir.
Justement j'ai le projet de refaire un petit zine sur ma série des maisons abandonnées en Irlande et marié ça avec des photos de surf et de paysages accumulés depuis plusieurs années, le tout en n&b évidemment, ça devrait claquer! Et l'idée d'un zine sur la bzh commence à faire son chemin.
En attendant je pars normalement tout l'été en road trip en Ecosse avec de nouveaux appareils quelques peu originaux, je ne sais pas où cela va me mener, trop hâte!
Depuis quelques années tu vis maintenant du côté de La Torche. Alors comment se passe la vie là bas. Ambiance, etc.
Quinze ans cette année! La vie est douce ici je suis un peu isolé dans mon coin de verdure et ça me va bien. Depuis le covid le coin est devenu attractif toute l'année et ça se ressent au quotidien, même si l'ambiance est toujours conviviale, on est moins tranquille.
A l'eau ça se traduit par du monde quand il y a 50cm et pendant les vacances scolaires mais globalement il y a de la place pour ceux qui prennent le temps de chercher. Cet hiver j'ai découvert un spot de repli que j'ai surfé quasi seul, et quand il y a du monde je pars explorer. Je n'ai jamais autant surfé peinard que depuis le covid ha ha
Quels souvenirs gardes-tu du surf en Bretagne Nord Nostalgique ou pas.
Mes premières explorations en solex avec la board sur le dos, les sessions magiques au coeur des tempêtes avec seulement toi et Fifi, les amitiés de longue date créées sur les parkings, les premières virées aux Grèves avec le palpitant qui s'accélère à la sortie du bourg de Pléhérel. Fréhel, ses personnages, ses paysages et ses vagues incroyables.
Au final je ne suis pas nostalgique car lorsque je reviens je n'ai pas l'impression que ça ait changé! Je recroise les mêmes visages et mêmes sourires, et curieusement je me débrouille à chaque fois pour scorer de pures vagues avec peu de monde comme le 25 décembre dernier aux Grèves:, 1m, glassy, des barrels vert émeraudes sous une pluie fine, le tout en petit comité, magique.
Je te laisse le mot de la fin.
"A bad day at sea still beat a good day at work".. Proverbe irlandais
Merci à toi Stef pour ta générosité